Monsieur le Président
Monsieur le Délégué
Mesdames et Messieurs
Je suis très heureux de vous voir réunis au CRIHAN à l’occasion de cette journée sur la modélisation numérique, organisée dans le contexte cette semaine où la Science est présentée et expliquée à tous.
Au-delà du mystère que représentent peut-être pour beaucoup d’entre vous, le besoin et l’utilisation des « super-calculateurs » une terminologie faiblement définie, je voudrais profiter de cette occasion pour vous faire partager mes convictions sur la nécessité d’utiliser les concepts de la réalité virtuelle pour améliorer la connaissance que nous avons du monde physique et renforcer nos capacités d’imaginer et créer des objets technologiques pour le bien de la société. Il va de soi que ces objets peuvent être très variés et se retrouver aussi bien dans le domaine de la technologie découlant des sciences dures (transport, environnement, énergie, communications) que des sciences plus humaines (sociologie, démographie, finances).
Plutôt que de relever le défi de vous citer cette diversité, je vais restreindre mon propos à deux aspects qui justifient l’utilisation de ces super-calculateurs : Les échelles caractéristiques et les temps de restitution.
En ce qui concerne les premières, de nombreux phénomènes physiques se rapportent à des processus continus. La modélisation numérique consiste alors à les approximer au mieux en calculant la situation locale de ces phénomènes sur un nombre fini de points voisins et en supposant alors que ce qui se passe entre ces points est correctement représenté par une hypothèse de linéarité (une sorte de règle de trois). Si les points sont trop éloignés les uns des autres pour que cette hypothèse de linéarité s’applique, le modèle ne représentera pas correctement le phénomène ! Première contrainte donc : des points très rapprochés. Seconde contrainte : le phénomène se produit sur les distances ou des temps longs. Le nombre total de points est donc imposé à la fois par l’étendue du phénomène et par la densité des points nécessaires. Cette problématique de la disparité des échelles caractéristiques est la première motivation pour disposer de machines de tailles mémoires de plus en plus grandes.
Quelques mots maintenant sur les temps de restitution. Vous avez tous compris, Mesdames et Messieurs, que les problèmes à résoudre sont de grande taille. Le nombre d’opérations arithmétiques à effectuer sur l’ensemble des points de calcul est donc important également. Il faut donc que l’ordinateur soit capable d’effectuer ces opérations rapidement, pour que les résultats soient disponibles dans des temps raisonnables. Par exemple, un calcul de prévision météorologique journalière doit durer moins de 24h ! Le calcul de la dispersion d’un polluant, suite à un accident industriel doit se faire plus rapidement que la dispersion réelle pour permettre les réactions de protection appropriées, etc… D’où la nécessité de disposer de machines de calcul de plus en plus rapides !
Revenons maintenant au CRIHAN et au super-calculateur que nous inaugurons aujourd’hui. En attendant de participer à des moyens de calcul européens, la France dispose d’un ensemble de 4 centres de calcul d’envergure nationale : le CINES, situé à Montpellier, qui dessert l’ensemble des laboratoires de recherche universitaire, l’IDRIS, situé à Orsay, qui est une unité propre de service du CNRS, le CEA, qui dispose de ressources de calcul importantes situées également en région parisienne, et l’IN2P3/DAPNIA, situé à Lyon et desservant prioritairement la communauté de la physique des hautes énergies. En complément de ces ressources nationales, un certain nombre de centres régionaux (moins d’une douzaine) sont situés dans les universités. Le CRIHAN se situe à la tête de ce second groupe, depuis le début des années 90, grâce à l’effort soutenu et toujours renouvelé du Conseil Régional de Haute Normandie, de l’Etat et de l’Union Européenne. Nous avons toujours été en avance sur notre communauté dès 1992 avec l’achat des premières machines parallèles puis vectorielles, et la mise en place du pôle de modélisation moléculaire. Cette nouvelle machine offre une puissance de calcul supérieure à 1 téraflop, ce qui était le « challenge » que s’était donné le gouvernement américain au début des années 2000, pour ses ressources les plus avancées. Vous le constaterez donc, Mesdames et Messieurs : la technologie progresse très vite ! Aussi veillons nous à ce que les utilisateurs de ces moyens de calcul exceptionnels soient correctement accompagnés pour en retirer le bénéfice maximum. C’est de cette façon que la valeur ajoutée du CRIHAN est la plus visible : un service de support aux utilisateurs rapproché et réactif. C’est aussi ce qui nous différencie des centres nationaux.
Avant de clore mon propos, je souhaiterais vous faire part de mon souci d’ouverture de ces ressources de calcul exceptionnelles en direction de la recherche privée (ou industrielle). Les laboratoires publics restent bien évidemment nos premiers utilisateurs. Les grands groupes industriels se dotent eux-mêmes de moyens adaptés à leurs besoins courants (la production), mais n’ont pas accès à ce genre de moyens pour toutes formes d’études exploratoires ou de démonstration. Premier point possible de partenariat public-privé (PPP). Restent également les PMI/PME qui n’ont de toutes façons pas accès à ces ressources, ni aux savoirs nécessaires pour les utiliser. On parle souvent de fracture, dans la société (fracture sociale), dans le développement de l’Internet (fracture numérique). Adressons nous au problème de la fracture technologique et œuvrons à un partage de ces ressources pour ceux qui en ont besoin, pour améliorer leurs performances et leur compétitivité, avec une ambition de développement économique régional.
Je vous invite maintenant à regarder un court DVD illustrant les usages de ces merveilleuses machines, avant de laisser la parole à Alain LeVern, Président du Conseil Régional de Haute Normandie.
Je vous remercie pour votre attention.